L'Atelier-Philosophie de la maternelle au collège
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“Atelier philosophie” et enseignants : quelle rencontre ? |
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Jacques Lévine, Agnès Pautard, Dominique Sénore |
C’est
une recherche ouverte, mais néanmoins suffisamment cadrée et centrée
sur un problème à résoudre pour ouvrir la possibilité à chacun d’une
pensée individuelle et collective. La rigueur du protocole (durée,
périodicité, enregistrement) est une base sur laquelle l’enseignant
s’appuie pour proposer une expérience de développement de la pensée
qui porte sur le long terme. L'atelier-philosophie
est un espace de parole, bien sûr, mais en raison de la place particulière
que l’élaboration de la pensée y prend, il diffère d’autres lieux
de parole. L’enseignant y est très présent, mais en silence. L’enjeu,
pour les enfants, n’est pas de l’ordre de l’évaluation scolaire et
l’orientation se différencie de celle du “quoi de neuf ?”, du “conseil”
ou d’autres moments d’expression. Notre
recherche se différencie d’autres approches de la philosophie pour
enfants, dont celle de Lipman (Québec) qui instaure ses moments de
philosophie dans le cadre d’un enseignement officiel des religions
à l’école, avec des manuels pour les enseignants, et dans une perspective
d’apprentissage de l’argumentation et de la logique. L’”atelier-philosophie”
tel que nous le concevons, donne la priorité à l’expérience que l’enfant
fait de sa propre pensée, et non à l’utilisation de la pensée comme
un outil. L’atelier philosophie
montre qu’avant de se poser des questions dans tel domaine scolaire,
l’enfant a besoin de découvrir Sa capacité à s’interroger sur la vie
au-delà du scolaire, de se donner le droit à “l’intelligence des situations”.
C’est parce qu’on a pensé qu’on peut débattre, dans notre optique,
le débat ne doit pas être présenté trop tôt, au risque d’empêcher
la découverte très précieuse, par l’enfant, qu’il est lui-même source
de pensée. Le
problème de la citoyenneté se trouve naturellement relié à la démarche
démocratique qui nourrit la pratique de l'atelier-philosophie. En
effet, de nombreux thèmes abordés concernent les valeurs de la vie
sociale et, d’autre part, l’apprentissage du “vivre ensemble” s’y construit sur le respect de la parole de chacun et du groupe. Cette
plate-forme étant établie, de nombreuses questions ont surgi. La
place de l’enseignant. Compte tenu du fait que l’enfant a besoin de prendre le temps de se découvrir capable de formuler des pensées sur les grands problèmes, et qu’il a besoin de s’entendre lui-même en train de les énoncer, il est convenu que l’enseignant n’obstrue pas la parole des enfants et qu’il garde le silence, même s’il est momentanément frustré. Dans ce temps-là, le maître n’a pas à institutionnaliser des savoirs, ni à conforter des opinions. Il est le garant du cadre, il est celui qui énonce le thème, il se contente de faciliter indirectement la circulation de la parole par la médiation symbolique du micro ou du bâton de parole. |
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