L'Atelier-Philosophie

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Le Journal du Dimanche

Dimanche 17 décembre 2000

Ces écoliers qui philosophent

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Saint-Didier-sous-Riverie

Envoyé spécial

Alexandre Duyck

ILS SONT assis sur de petites chaises, sérieux, concentrés. Au tableau, le maître a inscrit la question du jour que l’un des enfants a posée: « Pourquoi sommes-nous nés ? » A tour de rôle, ils répondent, donnent leur version des choses, leur vision du monde. Ils n’ont que 5, 6 ou 7 ans. Mais l’air de rien, une dizaine de minutes durant, ils philosophent dans la salle de classe d’une petite école maternelle et élémentaire des monts du Lyonnais.

A l’étage, l’heure est également à l’« atelier philo » pour les grands, âgés de 8 à 11 ans. « Peut-on ressentir la souffrance des autres ? » Par la fenêtre, on distingue au loin des sommets alpins enneigés. Un chien aussi qui court, tout près, mais aucun enfant ne l’observe. La philo, c’est du sérieux, même à l’école maternelle ou élémentaire.

Lancés en 1997 par un trio de chercheurs et d’enseignants, les ateliers philo connaissent un succès grandissant. Il reste certes des directeurs ou des inspecteurs d’académie réticents, pour qui philosopher rime avec paresser, mais de plus en plus d’écoles, de centre-ville comme de banlieue, s’intéressent à une expérience d’abord limitée aux régions lyonnaise et parisienne. A Saint-Didier-sous-Riverie (Rhône), tous les enfants de l’école sont concernés, sauf les moins de 4 ans, qui ne s’expriment pas encore assez bien. Dès que possible, au printemps sûrement, eux aussi se mettront à la philo.

« Pourquoi sommes-nous nés ? Parce que Dieu nous a créés », répond Lise, la première petite fille interrogée dans la classe des moyens. Océane, Mélodie et Gilles poursuivent : « Nous sommes nés pour habiter la Terre, sinon la planète serait vide et elle ne servirait à rien ! » Camille répond à Lise que « c’est pas Dieu qui nous a créés mais notre maman ! », relançant un débat inévitable entre laïcs et religieux dans ce pays de montagnes surnommé la Vendée lyonnaise.

Ce ne sont pas des surdoués, juste des enfants qui s’écoutent les uns les autres, qui expriment un point de vue, parfois changent d’avis, copient les propos des autres ou au contraire les critiquent. « Il faudrait peut-être lire des choses, ose Éliot. Moi, je sais ce qui s’est passé et pourquoi nous sommes nés. Dieu a fait une grosse boule, deux humains en sont sortis, ils ont fait deux enfants qui eux aussi en ont fait deux, et ainsi de suite... »

Dans cette école rêvée où l’on a supprimé les notes, les maîtres n’interrompent jamais l’atelier philo, si ce n’est pour donner la parole à qui la demande. L’enseignant ne commente pas, ne juge pas, ne recadre pas non plus la discussion quand elle semble s’égarer. « Je ne suis pas là pour intervenir, insiste Rémi Castérès, le directeur. Le but n’est pas de leur inculquer des données mais de les voir obtenir un permis de penser. De faire d’eux des apprentis chercheurs. »

 « Peut-on ressentir la souffrance des autres ? », se demandent ses élèves. Beaucoup répondent que oui, évoquent des souvenirs personnels, une chute à vélo, un décès, un animal perdu, autant d’événements douloureux qu’ils ont vécus et partagés avec d’autres. Mais Florian tente, lui, de faire comprendre que « penser et ressentir, ce n’est pas pareil ». Lui parvient à franchir un cap, à conceptualiser sa réflexion. Il n’est pour­ tant pas le meilleur élève de sa classe. « Cet exercice bouleverse tous les clivages scolaires ou sociaux, explique son maî­tre. Deux enfants n’ont pas dit un mot aujourd’hui. L’une est la fille d’un ouvrier agricole, l’autre celle d’un médecin-chercheur… »

La question débattue vient toujours d’un enfant. Il y a peu, l’un d’eux a proposé : « Qu’est-ce qu’un marteau piqueur ? » La maîtresse et les enfants se sont demandés si cette interrogation correspondait à ce qui était recherché... « Qu’est-ce que la beauté ? » a été préféré, mais la question était vraiment difficile. Les enfants ont alors proposé d’y répondre une semaine plus tard. A leur retour, leurs propos étaient à l’évidence influencés par les discussions qu’ils avaient eues avec leurs parents. Depuis, la question en posée le jour même de l’atelier.

Une petite fille s’enthousiasme : « Quand on est plusieurs, c’est plus facile de se poser des questions. Parce que quand tu es tout seul, tu te dis : “Oh, je sais pas si ça vaut bien le coup d’y réfléchir”. » Un souci, pourtant : retrouvera-t-elle son atelier philo préféré en sixième ? A priori non, la philo n’est pas au programme du collège. Une lacune que de très nombreux parents, enseignants et chercheurs regrettent : « On peut observer de multiples effets sur les conduites des enfants », expliquent dans un rapport Agnès Pautard, Jacques Lévine et Dominique Sénore, tous trois à l’origine du projet. « Le fait d’avoir parlé des moqueries, des injustices modifie le regard, les relations dans la classe. Lors des conflits, les enfants utilisent les mots sortis en séance pour gérer les situations. En fait les individus changent ils gagnent plus d’estime d’eux-mêmes, mais le groupe aussi : il devient pensant en tant que groupe. »

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"S'inscrire" dans sa vie "Qu'est-ce que la vie ?" "Pourquoi aime-t-on les autres, ou pas ?" Les adultes disent : "Tu es encore trop petit pour poser ces questions !". À l'intérieur de soi, à 5-6 ans,
quel étonnement de se découvrir source de pensée, qui part de soi, et qui donne envie d'échanger dans le groupe, d'écouter et de transformer la pensée des autres ! Mais comment l'école peut-elle accueillir ce potentiel de curiosité si fragile et le dynamiser ?
Prendre la parole
La parole bridée engendre méfiance et réserve, plus grandes encore pour les enfants en faible adhésion scolaire. Pour ceux-là, l'approche rassurante de l'atelier-philosophie ouvre une pratique de réus-site : la question posée est toujours ouverte, à la différence de la question scolaire (fermée, évaluative).
Des résultats immédiats...

Rapidement, l'atelier porte ses fruits. Les effets se font sentir à différents niveaux :
o la motivation, renforcée par la prise en considération de la parole de l'enfant et par la reconnaissance du groupe ;
o la rigueur et le sérieux des échanges, qui ne sont pas régis par l'urgence et la violence, mais par l'écoute, le désir d'intelligence, le respect mutuel ;
o le besoin d'observer sa pensée pour mieux se l'approprier stimule l'écriture pour soi : carnets où cheminent pensées. nouvelles questions, réflexions préparatoires ;
o la circulation d'une curiosité interrogative entre le particulier (le personnel) et le général (le collectif)
... aux résultats à long terme

La construction du sens avec les autres, à son rythme, au sein d'un groupe où chacun compte, crée des liens internes très forts renforçant l'identité. Ce lent, long et libre travail souterrain exige l'explicita-tion, tant à l'oral qu'à l'écrit :
o la recherche du mot. du sens précis sont justifiés par le désir de se faire com-prendre, de convaincre :
o l'habitude de s'adresser, en son nom propre, à autrui, avec un maximum de clarté et de logique (et c'est difficile) façonne une compétence qui se révèle en particulier dans l'écriture de récit pour les autres.
Cette compétence préalable à l'écrit relè-ve du domaine de l'éducation informelle, apprentissage commun structurant, d'autant plus efficace qu'il se passe de l'intervention du maître (garant du cadre) : apprendre grâce aux autres à oser dire "je", à rester dans le propos, à ne pas être trop long, à justifier, à prendre position : "Si tu veuxinventer une histoire, j'écrirai pour toi" " Ainsi, clans une expérience menée récemment, les enfants ont créé et lu à la classe des récits complets (La reine et le roi, La plage magique, La bombe, Le jardinier, Le grand robot, Mon livre à moi} faisant face aux réactions et aux critiques. L'écriture de soi. pour soi ou pour autrui, passe donc par l'appropriation de SA pensée, et cette pensée est d'autant plus vivante qu'elle rencontre les énigmes de la vie, l'encouragement des autres, et l'intuition du lien entre l'universel et la singularité d'un JE créateur, ce qui permet de prendre SA place et d'écrire SA vie.
Agnès Pautord Enseignante en Grande section


1. Cette pratique innovante de "Chercheurs philosophes de la Grande section de maternelle au collège" a été cofondée en 1997 par J. Lévine, A. Pautard et D. Sénore. à Lyon. Elle ne vise pas à la structuration de la pensée de façon systématique, ce n'est pas un enseignement. Mais grâce à l'expérience répétée et continue d'une coréfléxion dans un cadre spécifique, la pennsée va progressivement se construire à travers des étapes formant les préalables à la pensée philosophique .

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Des ateliers de philosophie ont éclos dès la maternelle,sous l'impulsion d'Agnès Pautard, enseignante de grande section de maternelle, et de Jacques Lévine, docteur en psychologie et psychanalyste. Ils nous racontent le comment et le pourquoi. " En 1996, nous avons pris connaissance des travaux d'un chercheur américain, Matthew Lipman, qui au Québec, avait ouvert les maternelles à la philosophie. Il avait le grand mérite de pointer que très tôt, l'enfant est capable d'une pensée qui s'apparente à la pensée philosophique. Mais nous étions insatisfait de son approche qui était celle de l'enseignement de la philosophie de type scolaire. Nous avons eu très rapidement la conviction qu'il manquait un chaînon et que l'enfant avait d'abord besoin de faire l'expérience de sa propre pensée. Dans le même temps où nous menions les premières séances d'atelier philosophie, un autre chercheur, M.Tozzi, mettait en place un dispositif avec au centre de ses objectifs la formation de " l'aptitude à débattre ".Nous étions tout à fait d'accord avec la démarche qui fonde ces ateliers et leur apport pour la formation à la citoyenneté. Mais de notre point de vue lorsque le débat est présenté trop tôt, il risque d'empêcher la découverte par l'enfant des débats qui se tiennent à l'intérieur de lui , débats internes qui, plus encore que les débats externes, sont à la source de l'envie d'élaborer une pensée structurée . C'est ainsi que nous avons mis au point le protocole de nos ateliers qui sont aujourd'hui pratiqués par plusieurs centaines d'enseignants .Tout thème abordé revient à demander à l'enfant : " Que sais-tu de la vie ? "Ce qui implique le message fondamental implicite qui est de l'ordre de la confiance dans l'intelligence de l'enfant. L'attitude des enfants montre clairement qu'ils ne vivent pas cette situation sur le mode d'une contrainte externe, mais d'une contrainte interne à parler. La parole devient démonstration d'existence et de valeur en soi. Une façon de prendre sa place dans la chaîne des vivants qui s'interrogent sur la vie. " Comment se déroule un atelier de philosophie en maternelle ? " Il comporte trois aspects : l'énnoncé du thème (par exemple : "Aujourd'hui, on va réfléchir au bonheur… " ou " Que pensez-vous de la pauvreté ? " ou " Un enfant et une grande personne, est-ce que c'est pareil ? "; l'annonce que la séance durera dix minutes ; l'annonce que l'enseignant n'interviendra pas .La façon dont on présente les ateliers est fondamentale :l'enseignant doit avoir reçu une formation appropriée. Il est important de dire aux enfants dans un langage simple, qu'on va faire de la " philosophie " c'est-à-dire qu'on va apprendre à réfléchir sur les questions que se posent les hommes depuis très longtemps. Que l'on va prendre le temps de penser dans sa tête. Et qu'il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses .En maternelle, il est nécessaire de travailler en petit groupe de 6 à 8 enfants. La parole circule soit avec le micro soit avec un bâton de parole que l'enseignant distribue à la demande. Un certain nombre d'enseignant éprouvent de grandes difficultés à respecter la règle de non-intervention, car leur formation leur apprend essentiellement à diriger étroitement les apprentissages. Si l'intervention de l'enseignant risque d'interrompre le travail tâtonnant d'élaboration de la pensée qu'effectuent les enfants, en revanche, sa présence silencieuse et confiante est nécessaire. Le premier constat des enseignants qui mettent en place ces ateliers est la découverte " sidérante ", disent-ils souvent de l'intelligence des réflexions des enfants sur des sujets pourtant difficiles ".

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