L'Atelier-Philosophie de la maternelle au collège
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Une pratique innovante de la maternelle au collège |
extrait de la revue |
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Constituant un comité de pilotage, ils ont proposé à des enseignants d’expérimenter cette pratique, et avec eux, ont institué des réunions régulières dans le cadre d’un travail de recherche, tant théorique que pratique, d’abord en région lyonnaise, puis parisienne. |
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L'atelier
philosophie
propose une démarche spécifique qui se démarque d’autres pratiques
de philosophie pour enfants (Lipman, Tozzi ...). Pourquoi la dénomination “Atelier philosophie” ? “Atelier”
renvoie à sa définition historique : "ensemble des artisans travaillant
dans le même lieu" et, depuis la seconde moitié du XXe siècle
: "groupe de travail". “Philosophie” renvoie à un "système
de réflexion critique sur les problèmes humains de la connaissance
et de l'action" ; La philosophie
n'est autre chose que l'application de la raison aux différents objets
sur lesquels elle peut s'exercer. Des éléments de philosophie doivent
donc contenir les principes fondamentaux de toutes les connaissances
humaines (D'Alembert). Il
n’est pas question d’apprendre systématiquement à argumenter, à développer
des talents d’orateur ou de rhéteur, mais il s’agit de provoquer,
chez l’enfant, la découverte qu’il est capable d'émettre des pensées
sur les grands problèmes de l'humanité, dans l’immédiat ou à terme. L’idée
de débat est présente dans le projet, mais l’accent est mis en priorité
sur une pensée qui se construit en écho, et qui est alimentée autant
par le “langage interne” (les pensées intimes de chacun), que par
le discours explicite. La
caractéristique de cette pratique originale est le statut particulier
donné aux enfants, celui de co-penseurs, d’habitants de la terre engagés
dans l’aventure humaine. Nous
définissons l'atelier philosophie comme une expérience de la vie pensante,
faite d’une série de découvertes : -
la découverte du cogito (c'est à dire être à l'origine de sa
propre pensée et en prendre conscience), -
la découverte de l’appartenance à une pensée groupale large
et universelle, -
la découverte des étapes conditionnant la formation rigoureuse
des concepts, -
la découverte du débat d’idées impliquant la prise en compte
des ambiguïtés, des incompatibilités, du lien entre le même et le
contraire. Ce
sont là des préalables indispensables à l’élaboration de la pensée
philosophique, définie comme refus de l’inintelligible, comme défi
à l’inintelligible et confiance dans la capacité d’intelligence à
rendre intelligible la vie, "la chose" éducative. A ce titre,
ces préalables ne sauraient être considérés comme un aspect mineur
par rapport à la pensée philosophique présentée en fin de parcours
scolaire. Par
la confrontation régulière à des énigmes de la vie, à des questionnements
portant sur des valeurs fondamentales, l’enfant, dans le groupe et
avec le groupe, accède à un type de réflexion qui n’est plus celui
de la pédagogie traditionnelle, mais qui est cependant l’un de ses
soubassements insuffisamment utilisés jusqu’ici. Si
on constate des effets, tant dans le domaine des attitudes (statut
de sujet responsable, mobilisation, motivation, approche par le vécu
de la notion de citoyenneté...), que dans le domaine des apprentissages (langue orale, raisonnement,
argumentation...), il ne
faut pas renverser les priorités. Cette pratique doit être interprétée
comme une étape nécessaire à la construction des individus dans la
totalité de leurs dimensions ; elle est un accompagnement indispensable
dans le processus évolutif qui mène à la pensée philosophique définie
classiquement. |
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2.
Le
protocole retenu La
présentation de l'atelier philosophie Le maître explique “Comme tous les gens de la terre, de tous les pays, d’hier et de maintenant, adultes, jeunes, enfants, nous allons aujourd’hui réfléchir ensemble autour de la question suivante...” Exemples
de questions posées par l'enseignant ou les élèves : Qu’est-ce qu’une grande personne ? Est-ce que tout le monde est pareil ? Est-ce que les animaux pensent comme nous ? Pourquoi
le monde existe-t-il ? Pourquoi
a-t-on envie de se moquer ? Qu’est-ce
que la honte ? les rêves ? la vie ? la moquerie ? Pourquoi
a-t-on envie de dominer les autres ? Pourquoi
existe-t-il des gens racistes ? … Une
seule question
d’ordre général est présentée à un groupe d’enfants dans le cadre
scolaire. Cette question est formulée de préférence par un enfant,
reformulée au besoin par un autre élève ou l'enseignant. Elle peut
être proposée par l'enseignant ; c'est généralement le cas quand on
démarre l'atelier philosophie. Une
durée et une fréquence
: dix minutes de séance hebdomadaire, tout au long de l’année. Les
échanges entre enfants au sein du groupe sont enregistrés ou filmés,
le micro peut permettre de réguler la parole… Le
rôle du maître est défini
: il présente l'atelier philosophie,
énonce la question du jour, s'occupe de l'enregistrement et reste
silencieux pendant les dix minutes. Très présent, il est le garant
du bon fonctionnement du dispositif. Le
contenu
: il n’y a ni bonne ni mauvaise réponse. Les cassettes ne sont pas
prêtées. S’il y a des transcriptions des séances, elles sont anonymées. L'après
atelier
: les dix minutes enregistrées (ou filmées) sont suivies d’une ré-écoute
(ou d’un visionnage) de la cassette, et d'un débat court (dix minutes
et plus, selon l’âge des élèves). Durant ce débat, l’enseignant tient
une place, discrète mais active, pour accompagner les réactions du
groupe. Il peut relancer le débat, en demandant par exemple : “qui
est resté silencieux ? Pourquoi ? Qui peut redire la question ? Ces
deux idées sont-elles de même nature? Qui n’est pas d’accord avec
cette idée et pourquoi ? …” Les
enseignants qui le souhaitent se rencontrent régulièrement pour échanger
sur leurs pratiques avec les membres du comité de pilotage. |
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L'atelier philosophie est issu des rencontres préalables qui ont eu lieu entre des enseignants et les membres de 1’Association des Groupes de Soutien Au Soutien. Elles visaient à tenter de mieux comprendre les motivations des enseignants et des enfants, les modalités du protocole, l’analyse des contenus, le sens de la présence de l’enseignant et du silence qu’il s’impose.
Si
la parole privée émerge parfois dans le groupe d’enfants, l’objectif
recherché n’est pas de la solliciter. Il
s’agit en effet de permettre à l’enfant de se découvrir membre par
la pensée de la communauté humaine. Il ne s’agit ni d’un aspect de
la pédagogie institutionnelle, (bien qu’il y ait complémentarité),
ni d’un lieu de parole thérapeutique. Ceux qui assistent à l'atelier
philosophie sont témoins du sérieux des enfants. Ces
derniers sont eux-mêmes étonnés de se sentir à la source d’une pensée
qui est à la fois du défi aux adultes (dans la mesure où ceux-ci sont
ressentis comme déniant ce genre de compétences aux enfants),
et de l’ordre d’un sentiment de relative égalité avec la capacité
à penser des adultes. Les
enseignants qui pratiquent l'atelier Au surplus, de nombreux constats résultent de l’observation de cette pratique, notamment lorsque les enseignants découvrent que des élèves, qui ont une attitude de faible adhésion à la classe, investissent de façon positive ce travail collectif. Ils forment dès lors un autre regard sur eux. |
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